LODEOM (Girardin industriel)

Présentation du dispositif fiscal LODEOM (Loi pour l'Ouverture et le Développement Economique de l'Outre-Mer, dit Girardin industriel)

Richard Milas

3/18/20258 min read

Le dispositif Girardin industriel : un outils fiscal efficace

Le dispositif Girardin industriel a été instauré par la loi Girardin du 21 juillet 2003. Il vise à soutenir le développement économique des départements et collectivités d’outre-mer en incitant les investisseurs français à financer l’acquisition de matériel industriel destiné aux entreprises locales. Ces territoires, souvent confrontés à des contraintes structurelles et géographiques, supportent également un surcoût d’environ 30 % sur leurs équipements industriels. Ce besoin crucial d’investissements est essentiel pour dynamiser leur activité économique et favoriser l’emploi.

Le principe est simple : en finançant des équipements productifs pour les entreprises ultramarines, les investisseurs privés permettent à ces structures de se développer, de moderniser leur outil de production et d’accroître leur compétitivité. Ce dispositif s’inscrit ainsi dans une logique de soutien aux économies locales et de réduction des inégalités territoriales.

Les avantages du dispositif

Dans cette logique de soutien économique aux territoires ultramarins, le dispositif Girardin industriel se distingue par un atout majeur : son rendement fiscal immédiat.

Contrairement à d’autres dispositifs de défiscalisation qui nécessitent un engagement de plusieurs années, l’avantage fiscal du Girardin est obtenu dès l’année suivant l’investissement. Ce mécanisme est particulièrement apprécié des contribuables à la recherche d’une optimisation fiscale rapide et efficace.

Une réduction d’impôt supérieure à l’investissement

L’un des principaux atouts du dispositif est qu’il permet d’obtenir une réduction d’impôt supérieure au montant investi. Concrètement, pour une mise initiale de 10 000 €, l’investisseur peut bénéficier d’une réduction d’impôt allant de 110 % à 120 % de son apport, soit une économie fiscale de 11 000 € à 12.000€. Ce levier fiscal est donc particulièrement attractif pour les contribuables fortement imposés souhaitant réduire leur imposition de manière significative.

L'avantage fiscal proposé est dégressif au cours de l'année. En début d'année, les taux de réduction d'impôt sont plus avantageux qu'en fin d'année et les dossiers sont plus rares.

ex. : un contribuable investissant 15 000 € en Girardin industriel peut bénéficier d’une réduction d’impôt de 17 250 € (ex. à 115%), soit un gain net de 2 250 €.

Cette rentabilité fiscale immédiate explique l’attrait du dispositif.

En effet, la plupart des autres investissements bénéficiant d’avantages fiscaux, ne permettent quant à eux que la défiscalisation d’une partie de l’investissement.

En comparaison, pour un investissement de 15 000 € en FIP-FCPI, le contribuable bénéficiera de 18% maximum de réduction d’impôt soit 2 700 €. Le levier est donc beaucoup moins important. L’investisseur détiendra en revanche toujours son investissement mais avec une obligation de conservation pouvant aller jusqu’à 10 ans (illiquidité). Il sera également lié au risque de fluctuation de celui-ci. Une tout autre stratégie donc mais nécessitant une mobilisation de capitaux bien plus conséquente.

Un engagement limité dans le temps

Contrairement à d’autres dispositifs de défiscalisation immobilière comme la loi Pinel ou le dispositif Malraux, qui impliquent des engagements sur plusieurs années, le Girardin industriel repose sur un investissement « one shot ». L’investisseur engage des fonds une seule fois et bénéficie de l’avantage fiscal dès l’année suivante, sans obligation de gestion sur le long terme.

Une contribution au développement des territoires ultramarins

Au-delà de l’avantage fiscal, le dispositif Girardin industriel revêt une dimension solidaire. Par exemple, une entreprise de transformation agroalimentaire en Guadeloupe a pu moderniser son équipement grâce à ce mécanisme, lui permettant d’augmenter sa production et de créer plusieurs emplois locaux. Il permet d’accompagner les entreprises locales dans leur développement en leur offrant un accès facilité à des équipements modernes et performants. Ce soutien favorise la création d’emplois, le développement d’infrastructures et la diversification économique dans des territoires souvent en difficulté.

Fonctionnement détaillé du dispositif

Le Girardin industriel repose sur un schéma précis impliquant plusieurs acteurs :

  1. L’investisseur : il apporte des fonds dans une société en nom collectif (SNC) qui acquiert du matériel industriel destiné à une entreprise ultramarine.

  2. La SNC : elle achète les équipements et les loue à une entreprise locale pour une durée de cinq ans minimum.

  3. L’entreprise ultramarine : elle exploite les équipements loués pour son activité économique.

  4. L’Etat : il accorde à l’investisseur une réduction d’impôt proportionnelle à son investissement.

Au terme de la période d’engagement de cinq ans, les équipements sont cédés à l’entreprise ultramarine pour un montant symbolique, assurant ainsi la pérennité de son activité. A compter de cette date, l’investisseur, de son côté, n’a plus aucun lien avec l’investissement.

Quel impact sur les différentes impositions ?

Le Girardin industriel est une réduction d'impôt sur le revenu (IR) et s'impute donc sur l'impôt calculé après application du barème progressif de l'IR.

Il peut donc réduire l'IR dû sur :

  • Salaires, traitements, pensions, rentes

  • Bénéfices industriels et commerciaux (BIC), bénéfices non commerciaux (BNC), bénéfices agricoles (BA)

  • Revenus fonciers (loyers issus de locations nues)

Il n'aura en revanche pas d'impact concernant l'impôt sur les revenus soumis à une imposition proportionnelle (flat tax, prélèvement forfaitaire, etc.) ou les prélèvements sociaux. C'est-à-dire :

  • Plus-values mobilières (actions, obligations, etc.) (Si option pour le barème progressif, l’IR est impacté par le Girardin, mais les prélèvements sociaux (17,2%) restent dus.)

  • Plus-values immobilières

  • Coupons d'obligations, dividendes

  • Intérêts de livrets bancaires, comptes à terme

  • Prélèvements sociaux (CSG, CRDS, 17,2%)

Le Girardin industriel est particulièrement efficace pour les contribuables ayant :
✅ Des salaires, pensions, ou revenus professionnels (BIC, BNC, BA) élevés.
✅ Des revenus fonciers imposés au barème progressif.
✅ Des plus-values mobilières ou dividendes avec option pour le barème progressif.

A l’inverse, il est moins intéressant pour ceux qui ont principalement :
🚫 Des revenus taxés à la flat tax (plus-values, dividendes, obligations).
🚫 Des revenus exonérés ou soumis à une imposition proportionnelle.

Le plafonnement des niches fiscales et les risques

Le plafonnement des niches fiscales

Le dispositif Girardin industriel est soumis au plafonnement global des niches fiscales, fixé à 10 000 € par an pour la plupart des avantages fiscaux. Toutefois, une exception s’applique : les investissements en Girardin bénéficient d’un plafond spécifique de 18 000 €, permettant aux contribuables d’optimiser davantage leur imposition. De plus, seule une partie de la réduction d’ impôt obtenues est prise en compte pour le calcul du plafonnement des niches fiscales. Ainsi, pour une opération de plein droit (<250 K€), seuls 44% de la réduction d’impôt sera retenue permettant ainsi une réduction maximale de 40 909 € (40 909 x 44% = 18.000 €).

Bien que très attractif, le dispositif Girardin industriel n’est pas sans risques. Toutefois, ces risques peuvent être atténués avec une bonne préparation et en choisissant un opérateur fiable, spécialisé dans ce type d’investissement. Il est essentiel d’en avoir conscience avant d’y souscrire.

Un risque de requalification fiscale

L’administration fiscale peut remettre en cause l’avantage fiscal si certaines conditions ne sont pas respectées. Parmi les principales causes de requalification :

  1. Non-conformité de l’opération aux critères légaux,

  2. Non-conservation des parts de SNC par le contribuable durant le temps de l'opération (min. 5 ans),

  3. Non-respect des conditions d’exploitation des équipements par l’entreprise bénéficiaire, notamment si celle-ci cesse son activité avant la fin de la période requise.

Si l’entreprise ultramarine bénéficiaire de l’investissement fait faillite avant la fin de la période d’engagement, l’investisseur peut perdre son avantage fiscal. Ce risque est cependant atténué par la sélection rigoureuse des entreprises bénéficiaires et par l’intervention d’opérateurs spécialisés dans le montage des dossiers. De plus, dans un tel cas, le matériel financé peut être reloué à une autre société, ne remettant ainsi pas en cause l’avantage fiscal.

En cas de requalification, l’investisseur pourrait être contraint de rembourser l’avantage fiscal perçu, entraînant une perte financière.

Voilà pourquoi la sélection du monteur de l’opération de Girardin est primordiale afin de réduire au maximum ces risques.

De plus, l’investissement dans plusieurs projets et l’ajout d’assurances spécifiques peuvent être également des moyens de limiter son risque.

Généralement, la SNC dans laquelle l'investisseur en Girardin industriel de plein droit est associé, répartit ses investissements sur plusieurs projets. Cela signifie qu'elle investit dans différents équipements et matériels mais retient également différentes sociétés locataires exploitantes. Cela est source de diversification et donc de diminution du risque. Si un projet devait être requalifié par l'administration fiscale, l'ensemble de l'opération du contribuable ne serait alors pas remis en question.

Un investissement à fonds perdus

Contrairement à un investissement immobilier ou financier, le Girardin industriel ne génère aucun retour sur capital. Une fois l’investissement réalisé, il n’y a pas de possibilité de récupérer la mise initiale. Ce dispositif ne génère aucun revenu supplémentaire, dividende ou plus-value.

L'opération ne consiste pas en un placement mais en un investissement dont la rentabilité est assise sur une réduction d’impôts constatée en année n+1 sur les revenus de l’année n. Il s’agit d’une opération d’optimisation fiscale et non patrimoniale. L’unique bénéfice réside dans la réduction d’impôt obtenue.

Cependant, celle-ci étant supérieure au montant investi, on peut tout de même calculer un « rendement financier annuel ». En fonction de la période à laquelle vous investissez et de l'offre retenue, ce rendement peut-être de 10 à 15% annuel, voire plus dans certains cas.

Un dispositif à manier avec précaution

Le dispositif Girardin industriel est une opportunité fiscale attrayante pour les contribuables fortement imposés souhaitant optimiser leur fiscalité tout en participant au développement des territoires ultramarins. Toutefois, il est essentiel d’être conscient des risques associés et de s’entourer de professionnels spécialisés pour sécuriser l’investissement.

Comment bien investir en Girardin industriel ?

  • Faire appel à un opérateur spécialisé : certains acteurs du marché se chargent de structurer les dossiers et de sélectionner les entreprises bénéficiaires pour limiter les risques.

  • S’assurer de la solidité des entreprises ultramarines bénéficiaires : vérifier leur activité, leur historique financier et leur capacité à exploiter les équipements sur le long terme.

  • Vérifier la conformité du montage fiscal : s’assurer que toutes les conditions légales sont remplies pour éviter une requalification fiscale.

Conclusion : une opportunité fiscale à saisir

Le dispositif Girardin industriel constitue une solution efficace pour réduire son imposition tout en contribuant au développement économique des outre-mer. Bien que son fonctionnement repose sur un investissement à fonds perdus, la rentabilité fiscale qu’il offre en fait un outil prisé des contribuables souhaitant optimiser leur fiscalité.

Cependant, comme pour tout investissement, il convient de bien s’informer et de s’entourer de professionnels compétents avant de se lancer.

Avez-vous déjà envisagé d’investir dans ce type de dispositif ?

N’hésitez pas à partager vos questions et réflexions !

Les investissements en Girardin industriel peuvent se faire pour tout ou partie de son imposition et pour des réductions allant de 3 500 € jusqu’à 40 909 €.

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