Gestion de Performance Absolue

La gestion de performance absolue vise à générer une performance positive, aussi bien en période de hausse que de baisse des marchés, sans référence à un indice, en recherchant une croissance régulière et une protection du capital.

9/7/20258 min read

Lorsque l’on parle d’investissement financier ou de gestion de patrimoine, la plupart des épargnants pensent spontanément aux grandes classes d’actifs traditionnelles : les actions pour la croissance, les obligations pour la stabilité, voire l’immobilier pour la sécurité perçue. Ces piliers constituent effectivement le socle de nombreux portefeuilles. Mais ils présentent un point commun : leur performance dépend très largement de la direction des marchés. Quand la Bourse chute ou que les taux d’intérêt grimpent, les investisseurs se retrouvent souvent démunis face à la volatilité.

Or, tous ne souhaitent pas subir passivement ces cycles. Certains recherchent une solution capable d’apporter diversification, régularité et protection, même lorsque les marchés sont chahutés. C’est précisément l’ambition des fonds de performance absolue (absolute return funds).

Leur philosophie diffère des fonds traditionnels : il ne s’agit pas de “battre” un indice comme le CAC 40 ou l’Euro Stoxx 50, mais de viser une performance positive en toutes circonstances. Pour y parvenir, les gérants s’appuient sur des stratégies de gestion actives et sophistiquées : long/short equity, arbitrage, global macro, gestion de la volatilité… autant d’outils pour bâtir des portefeuilles moins dépendants du climat boursier global.

👉 En d’autres termes, les fonds de performance absolue représentent une brique stratégique de plus en plus utilisée dans les allocations patrimoniales modernes, afin de lisser les rendements et réduire la dépendance aux cycles financiers.

Comprendre la logique des fonds de performance absolue

Dans la gestion traditionnelle, la performance d’un fonds est jugée de manière relative : un fonds actions peut perdre 8 % dans l’année, mais être considéré comme “performant” si son indice de référence, comme le CAC 40, a reculé de 12 %. L’investisseur a pourtant perdu de l’argent. Ce décalage entre perception et réalité montre les limites d’une approche uniquement indexée sur les marchés.

Les fonds de performance absolue adoptent une logique différente. Leur objectif n’est pas de se comparer à un indice, mais de viser une performance positive absolue, c’est-à-dire un rendement positif indépendamment de la tendance générale des marchés. Cette approche repose sur une conviction forte : ce qui importe pour l’épargnant n’est pas de faire “mieux que le marché”, mais de préserver et de faire croître son capital de manière régulière.

Pour atteindre cet objectif, les gérants disposent d’une palette d’outils très large : actions, obligations, produits dérivés, devises, matières premières ou encore parts de fonds alternatifs. Ils peuvent prendre des positions haussières (long) ou baissières (short), arbitrer entre différents actifs ou mettre en place des stratégies de couverture. L’idée est de construire des portefeuilles décorrélés du marché global, où la performance dépend surtout de l’analyse et de la capacité du gérant à identifier des opportunités.

En résumé, un absolute return fund cherche moins à suivre un cycle de marché qu’à générer une courbe de rendement plus stable, ce qui en fait un outil particulièrement apprécié pour diversifier un portefeuille et réduire la volatilité globale.

Les principales stratégies mises en œuvre

Le monde des fonds de performance absolue est vaste et hétérogène. Derrière un même objectif – générer une performance régulière, indépendamment de la tendance des marchés – se cachent en réalité plusieurs approches, qui mobilisent des techniques financières différentes. Voici les principales que l’on rencontre dans la gestion dite absolute return.

1. Le long/short equity

Sans doute la plus connue et la plus intuitive, cette stratégie consiste à acheter (position longue) des actions jugées prometteuses et à vendre à découvert (position courte) celles considérées comme surévaluées. L’intérêt n’est pas de deviner la direction globale de la Bourse, mais de capter l’écart de performance entre les “bonnes” et les “mauvaises” valeurs. Cette approche peut être utilisée en version market neutral (exposition globale proche de zéro) ou avec un biais directionnel (plus ou moins exposée à la hausse).

2. La gestion global macro

Ici, le gérant se concentre sur les grandes tendances macroéconomiques : politiques monétaires, inflation, croissance mondiale, devises, cycles économiques. Il peut intervenir sur toutes les classes d’actifs (actions, obligations, matières premières, devises) et tirer parti des divergences entre zones géographiques ou des changements de politiques économiques.

3. L’arbitrage obligataire

Cette stratégie vise à exploiter les écarts de valorisation entre différentes obligations : emprunts d’État, dettes d’entreprises, maturités différentes. Le gérant cherche à profiter de mouvements parfois très fins, mais récurrents, en matière de taux d’intérêt et de spreads de crédit.

4. L’event driven

Certains fonds se spécialisent dans les événements d’entreprise : fusions-acquisitions, restructurations, introductions en Bourse. L’idée est de profiter des mouvements de marché générés par ces opérations, qui créent souvent des décalages de prix temporaires.

5. La gestion de la volatilité

Enfin, certains gérants font de la volatilité un actif à part entière. Grâce aux options et produits dérivés, ils peuvent tirer profit de la hausse ou de la baisse des primes de risque. Cette approche peut servir à protéger un portefeuille en période d’incertitude ou, au contraire, à capter des gains lorsque les marchés deviennent nerveux.

Toutes ces stratégies reposent sur une même logique : offrir aux investisseurs une source de rendement moins dépendante des aléas boursiers, en mettant au premier plan l’expertise et la réactivité du gérant.

Zoom sur le long/short equity

Parmi les différentes approches de la gestion de performance absolue, la stratégie long/short equity occupe une place particulière. C’est à la fois la plus répandue, la plus intuitive et souvent la plus pédagogique pour expliquer le fonctionnement d’un fonds absolute return.

Son principe est simple : le gérant achète des actions dont il anticipe une progression durable (positions longues) et vend à découvert celles dont il estime que le prix va baisser (positions courtes). La performance ne dépend donc pas directement de la tendance générale du marché, mais de l’écart entre les valeurs retenues.

Prenons un exemple concret. Si le gérant achète une action du secteur de la santé qui gagne +8 % sur l’année, et vend à découvert une action cyclique qui recule de –4 %, la stratégie dégage un gain net de +12 %. Le marché global peut être stable, en hausse ou en baisse, mais ce qui compte est la différence de trajectoire entre les deux titres.

Deux grands styles coexistent :

  • Les fonds market neutral, dont l’exposition globale au marché actions est proche de zéro. Ils cherchent à capter uniquement la valeur relative entre titres, sans dépendre des tendances haussières ou baissières.

  • Les fonds directionnels, qui assument un biais (par exemple plus exposés aux valeurs de croissance qu’aux valeurs cycliques) tout en limitant les risques grâce à leurs positions courtes.

Le long/short equity illustre bien la promesse des fonds de performance absolue : offrir une source de rendement régulière, moins tributaire de la conjoncture, en s’appuyant sur la capacité d’analyse et de sélection des gérants.

L’apport dans une allocation patrimoniale

Introduire une poche de fonds de performance absolue dans une stratégie patrimoniale présente plusieurs atouts concrets. Ces fonds ne remplacent pas les classes d’actifs traditionnelles, mais ils en sont un complément stratégique, capable d’apporter diversification et stabilité.

1. Décorrélation

Le principal intérêt est la décorrélation. Là où actions et obligations réagissent souvent aux mêmes chocs économiques (hausse des taux, inflation, crises de confiance), les stratégies absolute return évoluent selon leurs propres dynamiques. Leur performance dépend avant tout de l’expertise du gérant et de ses arbitrages, et non de la tendance générale des marchés.

2. Stabilisation du portefeuille

En visant une volatilité plus faible et une performance régulière, ces fonds contribuent à lisser les rendements globaux. Cela peut sécuriser un investisseur prudent, offrir un complément de revenu pour un retraité, ou tout simplement rassurer une famille souhaitant préserver son capital sur le long terme.

3. Protection en période de crise

Lors des grandes corrections boursières, les fonds purement actions subissent mécaniquement la baisse. Certains fonds de performance absolue, au contraire, peuvent tirer profit de la volatilité accrue ou de déséquilibres de marché. Ils jouent alors un rôle d’amortisseur dans le portefeuille.

4. Allocation conseillée

En pratique, il est recommandé de réserver à cette classe d’actifs une part modeste mais significative :

  • 10 à 20 % pour un profil équilibré,

  • jusqu’à 15 % à 30% pour un profil plus dynamique.

Cette poche permet de renforcer la robustesse du portefeuille sans en bouleverser l’équilibre global.

👉 En résumé, les fonds de performance absolue sont une brique patrimoniale qui contribue à protéger, diversifier et stabiliser un portefeuille dans un environnement incertain.

Les inconvénients et les contraintes

Ces atouts ne doivent pas masquer certaines limites.

Une complexité élevée. Les fonds de performance absolue reposent sur des mécanismes parfois difficiles à appréhender : ventes à découvert, produits dérivés, arbitrages complexes. Leur fonctionnement peut sembler technique pour l’investisseur final, ce qui implique une confiance réelle dans le processus de gestion. Certains recourent également à la gestion quantitative, qui applique de manière systématique des critères prédéfinis (sélection d’un panel de valeurs, exécution automatique de stratégies). Cette approche ne remplace pas le gérant mais vient en soutien, en renforçant la discipline et en limitant certains biais comportementaux.

Des frais supérieurs à la moyenne. Ces stratégies actives nécessitent des équipes spécialisées et une surveillance constante. Il en résulte des frais de gestion qui peuvent être plus élevés que dans les fonds traditionnels, notamment avec la présence d’une commission de performance. Sur le long terme, cela peut rogner une partie de la performance. L'important est d'analyser la performance nette de frais qui est celle dont vous bénéficierez réellement.

Un risque de déception relative. En période de marchés fortement haussiers, un fonds de performance absolue a tendance à sous-performer mécaniquement par rapport à un fonds actions classique. L’investisseur peut avoir le sentiment de “rater” une partie de la hausse. Mais cette limite est la contrepartie de leur rôle défensif : ils ne visent pas à battre les marchés dans l’euphorie, mais à limiter les pertes dans les phases de repli.

Conclusion

Les fonds de performance absolue ne sont ni une solution miracle ni une martingale. Ils sont avant tout un outil complémentaire, pensé pour apporter décorrélation, stabilité et protection dans une allocation patrimoniale. En combinant différentes stratégies – long/short equity, global macro, arbitrages obligataires ou gestion de la volatilité – ils offrent une alternative intéressante face aux incertitudes des marchés traditionnels.

Certes, ils présentent des contraintes : complexité, frais plus élevés, risque de sous-performance en marché haussier. Cependant, bien utilisés, dans une proportion raisonnable du portefeuille, ils constituent une brique stratégique pour tout investisseur souhaitant diversifier ses sources de rendement tout en préservant son capital.

👉 En résumé : les fonds de performance absolue incarnent une gestion moderne, capable de conjuguer innovation financière et discipline dans le pilotage du risque. Leur rôle n’est pas de suivre le marché, mais de chercher à délivrer de la valeur, quelles que soient les conditions.

➡️ En résumé, les fonds de performance absolue ne se limitent pas à un rôle protecteur : ils peuvent constituer une composante stratégique d’une allocation patrimoniale, en apportant diversification, désensibilisation aux cycles de marché et décorrélation.

Et si vous intégriez la stratégie dans vos allocations ?